La montée en puissance des femmes entrepreneures dans le paysage économique
Ces dernières décennies, une transformation significative s’est opérée dans le monde de l’entrepreneuriat : l’émergence et la reconnaissance croissante des femmes entrepreneures. De plus en plus de femmes prennent les rênes de leur avenir professionnel en créant leurs entreprises, apportant avec elles une vision renouvelée du management, du leadership et de l’innovation. Selon le rapport 2023 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), les femmes représentent aujourd’hui près de 38 % des entrepreneurs dans le monde, un chiffre en constante progression.
Mais au-delà des chiffres, ce dynamisme repose sur une qualité humaine encore trop peu mise en avant dans les analyses économiques traditionnelles : l’intelligence émotionnelle. Cette compétence, souvent considérée comme « douce » voire « secondaire », est en fait un levier stratégique sous-exploité, en particulier dans l’approche entrepreneuriale féminine. En 2025, elle pourrait bien être l’un des indicateurs les plus révélateurs de succès pour les entrepreneures souhaitant s’imposer dans une économie toujours plus numérique, complexe et collaborative.
Définir l’intelligence émotionnelle dans le cadre entrepreneurial
Le concept d’intelligence émotionnelle (IE) a été popularisé dans les années 1990 par le psychologue Daniel Goleman, qui la définit comme la capacité à reconnaître, comprendre et gérer ses propres émotions, tout en percevant et influençant celles des autres. Dans un cadre entrepreneurial, cela se traduit notamment par :
- La conscience de soi : être capable d’identifier ses forces, ses faiblesses et ses déclencheurs émotionnels.
- La régulation émotionnelle : ne pas se laisser submerger, notamment en période de crise ou d’incertitude.
- L’empathie : comprendre les besoins, les motivations et les émotions de ses collaborateurs, clients ou partenaires.
- Les compétences sociales : entretenir des relations professionnelles saines, favoriser l’inclusion, développer la coopération.
Cette définition prend une résonance particulière chez les cheffes d’entreprise, dont le style de management s’appuie souvent davantage sur l’écoute, la flexibilité et la communication interpersonnelle, par opposition aux modèles traditionnels de leadership plus hiérarchiques et directifs.
L’intelligence émotionnelle, un atout stratégique pour les femmes entrepreneures
Dans un monde où l’agilité, la créativité et la capacité à fédérer sont devenues des compétences clés, l’intelligence émotionnelle se positionne comme une compétence stratégique. Elle permet aux entrepreneures :
- D’anticiper et de mieux gérer les conflits d’équipe, en détectant rapidement tensions ou malentendus.
- D’instaurer une culture d’entreprise inclusive et bienveillante, favorable à la rétention des talents.
- De construire des relations solides avec les clients et les partenaires grâce à une communication empathique et authentique.
- De faire preuve de résilience face aux échecs ou aux périodes de turbulence économique, en prenant du recul émotionnel.
Dans une étude de Harvard Business Review de 2021, les dirigeants avec un haut niveau d’intelligence émotionnelle sont 60 % plus performants dans la gestion d’équipes multiculturelles et hybrides. Cette statistique est particulièrement pertinente pour les femmes entrepreneures évoluant dans des environnements de start-ups, où la gestion humaine est souvent mise à rude épreuve dès les premières phases de croissance.
Le rôle des femmes dans le renouvellement des modèles de leadership
Les femmes entrepreneures sont en train de redéfinir les standards du leadership économique. En intégrant davantage les compétences émotionnelles dans la gestion de leur entreprise, elles participent activement à l’émergence d’un modèle plus holistique et durable. Plusieurs études montrent que les entreprises dirigées par des femmes ont tendance à :
- Mettre en place des structures organisationnelles plus collaboratives et moins verticales.
- Accorder une place importante à la mission sociale et environnementale de l’entreprise (purpose-driven leadership).
- Favoriser la diversité dans les recrutements, non seulement de genre mais aussi d’âge, d’origine et de formation.
Ce renouvellement du management par les femmes n’est pas sans lien avec leur capacité à mobiliser l’intelligence émotionnelle au cœur de la stratégie de l’entreprise. On assiste ainsi à une hybridation du leadership, à la croisée de la performance économique et de la performance relationnelle, un paradigme particulièrement adapté aux défis de 2025.
La formation à l’intelligence émotionnelle : un levier d’empowerment
Pour développer davantage cette compétence, il existe désormais de nombreux programmes de formation à l’intelligence émotionnelle spécifiquement conçus pour les femmes entrepreneures. Ces formations intègrent souvent des modules autour du leadership inclusif, de la communication non-violente, de la prise de décision émotionnellement informée, ou encore du développement de la conscience de soi.
Des structures comme Femmes Business Angels ou le programme Leadership au Féminin de HEC Paris proposent des accompagnements qui valorisent ces compétences, en montrant comment elles peuvent être concrètement mobilisées pour :
- Optimiser ses décisions managériales et stratégiques.
- S’entourer de partenaires alignés sur ses valeurs.
- Fidéliser sa clientèle grâce à une communication sincère et personnalisée.
En parallèle, des plateformes comme Emotional Intelligence Consortium ouvrent sur un large éventail de ressources validées scientifiquement pour intégrer l’IE dans la gouvernance d’entreprise.
Vers une économie fondée sur la compétence relationnelle
Avec l’avènement de l’intelligence artificielle et de l’automatisation, les compétences techniques évoluent constamment. Ce sont désormais les compétences humaines, sociales et émotionnelles qui prennent de la valeur dans un environnement professionnel en mutation rapide. L’intelligence émotionnelle se positionne ainsi comme l’une des compétences phares du XXIe siècle, au même titre que la pensée critique ou la créativité, selon le Future of Jobs Report 2023 du Forum Économique Mondial.
Dans ce contexte, les femmes entrepreneures apparaissent comme des pionnières de nouveaux modèles de croissance, alliant exigence économique et gestion humaine. En 2025, celles qui sauront faire de l’intelligence émotionnelle un pilier de leur stratégie se différencieront nettement sur le marché.
Ce regain d’attention porté à l’intelligence émotionnelle pourrait également favoriser une meilleure égalité dans la répartition des financements, encore largement biaisée. À ce jour, les femmes ne représentent que 2,4 % des bénéficiaires de venture capital en France (source : SISTA 2022). En faisant valoir leur capacité à fédérer, à fidéliser et à innover par l’humain, les femmes entrepreneures peuvent renverser cette tendance. Et dans cette quête, l’intelligence émotionnelle jouera un rôle central.